Oui, l'Italie sera extrêmement influente dans les arts et les sciences à la renaissance. Mais ce qui a été inventé dans la péninsule a parfois aussi été inspiré par l'art étranger. L'Italie est donc un exemple, mais aussi un miroir dans lequel le reste de l'Europe peut se contempler. Ainsi, les Italiens affectionnèrent particulièrement la chanson française, et sublimeront ces belles pièces par un traitement exquis au luth, à l’instar d’Alberto da Mantova, ou encore plus tardivement Giovanni Battista della Gostena. Bien plus, cette influence de la « canzona francese », selon leurs propres termes, donnera naissance à la canzona instrumentale, qui elle-même engendrera la sonate, plus tard, au XVIIème siècle.
Nous savons que le grand luthiste anglais John Dowland a voyagé en Italie à la fin du XVIème siècle. Sa musique comportant des traits typiques de certains auteurs locaux, il n’est pas interdit de rêver qu’il a rencontré Simone Molinaro, ou encore l’impressionnant Giovanni Antonio Terzi. Les publication de ce dernier comprennent un grand nombre de pièces étrangères, auxquelles il réserve un traitement tout à fait personnel. À force de foisonnante et vertigineuse invention, il exploitera tellement les ressources de l’instrument au sein de ces grandes architectures propres à la renaissance, qu’il ne sera plus guère possible d’en dire davantage après lui sur ce registre. Voici peut-être déjà, sous sa plume et par son art, l’aube du baroque.